Qu’attend-on d’une série policière, d'un thriller, aujourd'hui? Que le héros soit charismatique? Que l'intrigue soit haletante? Que chaque épisode soit indépendant des autres, tout en gardant une trame de fond? Qu'on ne trouve pas le coupable ou la méthodologie avant la fin de l'épisode? Chacun en attend quelque chose qui peut être différent selon le spectateur et "Lupin" remplit pas mal de critères.
N'étant pas particulièrement un fervent défenseur de ce qui fait en France ces dernières années, que ce soit à la télé ou au cinéma, j'avoue avoir été d'emblé à reculons pour regarder le premier épisode. Je dois même dire que j'exergue ce qui se fait. C'est vous dire à quel point, je me suis forcé à lancer la diffusion de la série sur la plateforme SVOD. Pourquoi ? Tout simplement, car je trouve que ce qui se fait actuellement, en tout cas dans ce que j'ai pu voir ou apercevoir, est mauvais. A mon goût, bien entendu. Le jeu des acteurs est souvent médiocre, voire très désagréable. On a l'impression de voir ou d'entendre un élève sur les planches. Soit il surjoue, soit l'inverse. Ca sonne faux, cela s'entend et se voit. L'intrigue du film est souvent simpliste ou quasiment inexistante. C'est bien souvent une perte de temps, pour moi, et d'un manque total d'intérêt. Bref, revenons à nos moutons : je lance le premier épisode de la série.
Donc, mettons les choses au clair, Omar Sy interprète le rôle d'Assane Diop, pas celui de Lupin. Pas celui non plus, du petit fils de Lupin ou d'un quelconque descendant. Alors quel est le rapport avec le titre ? C'est la que la magie commence, le titre complet est "Lupin dans l'ombre d'Arsène" pas juste le nom du héros de Maurice Leblanc. C'est bien sûr marqué en plus petit, dans une couleur grise, plus terne et ne sautant pas aux yeux comme le jaune, qu'on pourrait facilement oublier. L'arrivée du titre de la série sur le petit écran est bien réfléchie et amusante quand on a regardé au moins un épisode. On le comprend mieux. On comprend ce titre alors qu'Assane n'est pas Lupin. Du moins pas celui qu'on attendait.
Clairement inspirée et même revendiquée, cette série française, rappelons le, se veut une adaptation actuelle des romans de M. Leblanc. Arsène Lupin est constamment cité dans l'épisode, la série porte son nom et notre protagoniste en assume la propriété. Bien sûr, on ne colle pas non plus au récit des livres, ni même au style, mais plutôt à l'idée ou l'image dont est dépeinte le personnage dans l'esprit de la plupart des gens, c'est à dire un gentleman cambrioleur, pas le voyou du coin. Il a du style, il est non violent et réussit toujours ce qui l'entreprend. Oui mais comment?
La réalisation est française, les acteurs, l'équipe technique ainsi que la production, Netflix étant en charge de la distribution. Et ce n'est, à mon sens, pas anodin. Certes, ils sont, par obligation légale, tenus de contribuer aux œuvres françaises, mais pas à n’importe lesquelles. Ils parient uniquement sur ce qui devrait fonctionner et pas qu'en France. La Casa de Papel en est un exemple concret.
L'action se déroule en France, oscillant entre une cité et le Louvre pour ce premier épisode. On y découvre donc un homme employé dans le musée qui souhaite monter un casse pour voler un bijou de plusieurs millions. Le plan est monté, expliqué et réalisé. Il est bien évident que cela doit être effectué dans un épisode de 45 min. Il n'y a donc que très peu de place pour faire la présentation du héros, de poser l'histoire de sa vie, ... Mais c'est habilement mis en place en parallèle, par le réalisateur Louis Leterrier qui passera de l'un à l'autre au bon moment, laissant un rythme soutenu au déroulement mais pas pressant.
Sans tout dévoiler tout de suite, on découvrira quelques acteurs qui font honneur à leur profession et malheureusement, également l'inverse. Ca rejoint ce que je disais plus haut. Difficile de faire quelque chose qui sonne juste en France. Omar Sy a du mal à trouver sa place, mais il doit jouer plusieurs rôles en un seul, tout en ne dévoilant rien avant la fin. Pas si évident. D’ailleurs, je me rappelle nombreux pilotes de série qui étaient plutôt médiocres au vue du reste, tout comme l’interprétation d’acteurs talentueux. Pour autant, le plaisir est présent, l'envie d'avancer aussi. Le principal est là.
Comme vous le savez maintenant, Assane Diop est un homme d'entretien au musée du Louvre. On découvre qu'il semble être séparé de sa femme Claire et de son enfant Raoul. Il leurs verse une pension, qu'il a obtenu auprès de personnes peu recommandables. Un prêt à 10% d'intérêts par semaine. Pour rembourser, il propose à un trio infernal un casse sur son lieu de travail. Il a mis au point un plan pour dérober le collier de la Reine qui doit faire l'objet d’une mise aux enchères lors d'une vente au musée du Louvre. Il requiert donc les services des malfrats pour la mise en œuvre de ce cambriolage. Au hasard des changements d'époques et de scènes, on en apprend un peu plus sur ce personnage.
En 1995, son père originaire du Sénégal, vit à présent en France dans une cité d'Ile de France avec son fils. Babakar travaille comme chauffeur pour M. Pelligrini, un homme riche et peu reconnaissant. Proche de son fils, il surveille l'éducation de l'enfant de près, compensant l'absence de sa mère. Grâce à son travail, il obtient un livre sur les aventures d'Arsène Lupin qu'il compte offrir à son fils, mais M. Pelligrini accuse Babakar Diop du vol d'un collier dans son coffre personnel. Réfutant ses accusations, il est malgré tout arrêté et écroué en prison. Il s'agit du collier de la Reine, qui a refait son apparition au Louvre dans le présent. Assane voit donc un peu plus qu'un simple vol dans ce casse, c'est une affaire personnelle.
Je vous laisse découvrir le reste, j'en ai déjà suffisamment dis.
Loin d'être le premier épisode de série de l'année, Lupin est un très bon divertissement et pour moi, une grosse et bonne surprise. Il donne envie d'aller plus loin, de dépoussiérer mes bouquins en parallèle et de me plonger tête la première dans la série et les livres. Malgré le jeu raté de certains acteurs secondaires, dont le rôle principal en demi-teinte sur ce premier épisode, l'idée principale est séduisante. La réalisation n'est pas mauvaise. Pour un pilote, il n'est pas si mal. Il donne envie d'aller plus loin, d'avancer, de comprendre certains sujets laissés en suspens. Ca se regarde facilement et cela donne envie d'en savoir plus sur le personnage principal tout comme sur son mentor littéraire. Ce serait une série américaine, je serais surement plus critique, mais au vue de la qualité des séries françaises, je suis plutôt enthousiaste à la vue de ce premier épisode. Je le conseille vivement à ceux qui ont un peu de temps à perdre pour le découvrir, et qui sait? Peut-être, comme moi, cela vous donnera l'envie d'aller plus loin.